Bavardage

De toute ma vie, je n’ai jamais autant recherché la paix qu’en 2019. Par tous les moyens, quitte à ignorer les disputes, les malentendus et à éviter toutes altercations non nécessaires.  Cela n’a pas toujours été comme ça. Je suis foncièrement belliqueuse. Maintenant, cela me fatigue. Ça prend beaucoup d’énergie. J’ai décidé de garder tout ce tonus pour ceux qui en valent la peine et m’écarter du reste. Quiconque me connait bien, sait que j’aime recevoir des cadeaux.  Quelle que soit l’occasion. Durant les douze derniers mois, j’ai priorisé mes cadeaux.  Les membres de ma famille et mes vrais amis. Ces gens qui ont accepté que je sois un cas perdu, mais, qui sont toujours là. Inconditionnellement. Ils savent que je peux passer d’une colère noire à un fou rire en un battement de cils, que j’ai peur du noir, que j’utilise les jurons pour cacher ma frustration, que je suis toujours en quête de quelque chose indéfini et que je les aime. Beaucoup.

Cette paix m’a aussi ramenée à la lecture. J’ai littéralement dévoré tout ce qui me tombait sous la main. Plus d’une trentaine de livres. J’ai rencontré Lénine. Il m’a aidé à reconsidérer certaines opinions personnelles et à déconstruire certains principes auxquels j’ai toujours été exposés. M’enfermer dans les livres a facilité ma quête. Il m’aurait été difficile de me chicaner avec les personnages créés ou non par les auteurs. Un monde sans danger où il me suffisait de tourner les pages et de me plonger dans d’autres siècles, visiter de nombreux pays, oublier le fameux 9 à 5 qui nous rend tous débiles.  Durant mon enfance, les livres ont été mon échappatoire. Rien n’a changé à ce niveau. Par contre, d’autres choses ont changé. Je n’ai plus de père. Plus de petite sœur. J’ai permis à des gens d’abuser de ma naïveté. J’ai permis à des cons d’essayer de me changer. Mais, vraiment quand on pense à la quantité de sottises que les femmes endurent, c’est étonnant que nous ne soyons pas sur la liste des espèces en voie de disparition.

On nous demande de sceller nos jambes. Quand nous les gardons fermés, c’est du caprice ou bien nous sommes frigides. Quand on nous force à les écarter, c’est bien fait pour nous. Quand nous les écartons autant que nous voulons, nous sommes des putes. A croire que nous sommes la plaie du monde. On nous tue impunément. Comme Ginoue, un 24 décembre. Les femmes doivent se conformer à tant de principes, que nous en oublions que nous sommes des personnes à part entière. Que ces mêmes personnes qui nous battent, nous abusent et nous tuent ont une mère. C’est dommage, trop dommage que des mères accouchent de la merde. C’est aussi dommage que nous les femmes ne nous entraidons pas. Ces personnes ont réussi à nous garder divisées, très souvent au nom d’un morceau de chair. Zombifiées par des couilles, de l’argent et des idéaux totalement insensés. Momifiées par les qu’en-dira-t-on.

Ce qui est beau dans l’écriture libre, c’est de pouvoir laisser son esprit vagabonder. Passer du coq à l’âne.  Dire ou raconter du n’importe quoi. Sans normes. Sans formalités. Avec le respect si nécessaire, si possible. Il fait froid dehors malgré le soleil. Je sais que sur mon bout d’île, la chaleur est accablante et les embouteillages sont horribles. La maison familiale me manque. Etre à six à Delmas me manque. Pendant que je tourne les pages de mon histoire en tant que fille et sœur, parallèlement, les pages de mon autre histoire en tant que l’épouse de quelqu’un se remplissent jour après jour. Je ne sais pas trop bien ce que ce quelqu’un me veut, mais, il m’a présenté Lénine. Je pense que ça dit beaucoup.

Djeanane…

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