Á l’amour

Á ceux qui sont partis avant nous, ceux que nous avons connus et aimés, ceux que nous n’avons même pas pu bercer… Á nous tous qui sommes encore là et dont, un jour, on parlera au passé…

Aujourd’hui, j’ai assisté aux funérailles de quelqu’un que je ne connaissais pas. Les circonstances par lesquelles j’y ai littéralement « atterri » sont très simples, mais, il n’est pas nécessaire de s’y attarder. Une très belle cérémonie. Tout était beau. Il avait 23 ans. Á cet âge, 23 ans, j’apprenais à tâtons, lentement à faire le deuil, pour la première fois. Nous avions tous l’air de rescapés à la maison. Mes parents refusaient de croire que leur benjamine de quatorze ans était partie. Chaque soir, je priais pour ne pas me réveiller le lendemain, afin d’échapper à cette situation insupportable. Je ne me rappelle même pas ce que faisait les deux autres. Douze ans plus tard, pendant qu’une autre famille commence son deuil, nous arrivons à parler du nôtre sans hurler de douleur. Je ne sais comment l’expliquer. La route a été longue. J’ai pensé que nous n’y arrivions jamais.

Quand quelqu’un qui nous est cher meurt, nous essayons de nous rappeler tous les derniers moments avec cette personne. Toutes les « dernières » fois. Nous en faisons un film qui tourne en boucle dans nos pensées. Un film, qui au cours du temps, accumulera tellement de souvenirs que ç’en est étourdissant. Nous, qui sommes tristes, devons nous accrocher à tout ce qui nous permettra d’avancer. Il n’y a pas une formule universelle. Les gens ont la fâcheuse habitude de dire quoi faire aux éplorés. La plupart du temps, il faut tout simplement être présent. Pour écouter. Pour aider. Ou simplement s’asseoir sans bouger. Sans parler. Sans déblatérer. Il n’est pas nécessaire non plus de demander des détails sur ce qui s’est passé. On le saura. Tôt ou tard. Ou jamais. Ce n’est pas ce qui importe.

J’ai l’insupportable habitude de laisser mon esprit vagabonder si loin qu’il m’arrive de ne pas me rappeler de ma pensée initiale.  Un total galimatias qui sape toute ma capacité de demeurer concentrée. J’imagine que les grands scientifiques me diagnostiqueraient de quelque trouble majeur et me gaveraient de toutes sortes de pilules afin que je sois attentive. Il est un peu trop tard. En ce moment même, je n’arrive pas à me rappeler le fil du texte que je souhaitais écrire. C’est du n’importe quoi. Il n’y a jamais un texte qui se termine comme prévu. Et, à chaque fois, je me promets de grouper mes idées et de ne pas les laisser errer. Échec cuisant, encore une fois. En classe, c’était pareil. Je rêvassais en plein cours. J’écrivais des histoires dans tous mes cahiers. Et, j’amoncelais de beaux zéros rouges dans toute matière nécessitant un minimum d’attention. Je ne regrette pas la chimie, la physique et les mathématiques…

Je me rends compte que 23, c’est aussi le numéro de la maison de mes parents. La maison dans mes souvenirs et de mes souvenirs. L’endroit où j’ai appris à lire, à écrire, à danser et tous les « à » possibles.  Là où je n’ai pas à payer de loyer. Là où j’ai échangé mon premier baiser avec l’homme qui partage ma vie depuis sept ans. De plus, 23, c’est le numéro de la maison de mon amie de plus longue date, Valérie. Une femme que j’aime beaucoup et qui a tout mon respect. En approchant la quarantaine et en jetant des coups d’œil furtifs dans mon passé, je me rends compte que le plus important a toujours été l’amour. Un sentiment qui traverse les générations et les siècles et qui subsiste toujours. Trop souvent, il est incompris et mal utilisé, mais, il est incontournable. Même en période de guerre. Je sais que je vais recommencer à raconter du n’importe quoi. Alors, je m’arrête là…

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