Assise dans la salle à manger, elle l’attendait. En apprenant la nouvelle, Sandrine avait vu rouge. Mais, elle avait décidé d’être pratique. La quadragénaire ne voulait pas risquer de faire confiance au système judiciaire. Elle savait bien que son mari a les ressources et les connections nécessaires pour éviter la prison. Elle ne se pardonnerait jamais de le laisser filer, le laisser se pavaner en société sans être inquiété, tout en sachant que c’est un monstre. Elle bouillait de rage, ne se pardonnait pas sa bêtise et voulait donner le bon exemple à sa fille unique.
Il rentra calmement dans la maison, tiré à quatre épingles, comme d’habitude. Fredonnant une chanson, il déposa sa Bible et son recueil de chants sur la table basse du salon. Très détendu, il vit son épouse dans la salle à manger et alla vers elle. Il l’embrassa sur le front, vit son visage renfrogné mais n’y prêta pas vraiment attention. Il pensa que depuis qu’elle avait quitté l’assemblée évangélique, le diable s’était emparé d’elle. Il se promit mentalement de trouver les versets adéquats pour la ramener au bercail et l’exorciser, si nécessaire. Sa femme, ne pouvait, ne devait être la brebis égarée. Quelle honte pour lui…
- Sandra est dans sa chambre ? Je voulais discuter d’un nouveau chant avec elle pour le culte de dimanche.
Il n’avait même pas pris la peine de prendre de ses nouvelles. Sandrine le regardait fixement. Comment avait-elle pu être aussi aveugle ? Tout était si clair. Cette obsession de répéter les chants avec Sandra, son entêtement à prier avec elle. Tout était si clair. Mais, elle lui avait fait confiance. Pour le malheur de sa fille. L’an dernier, Sandrine avait accepté de l’épouser et avait emménagé chez lui avec son enfant unique. Elle aurait dû la laisser avec son père, mais, Sandrine voulait passer du temps avec son enfant avant que celle-ci s’envole en Europe pour des études en archéologie.
Elle lui demanda de s’asseoir. Agacé, il s’exécuta pour en finir rapidement. D’une voix ténébreuse, elle lui demanda :
- Pourquoi as-tu touché à ma fille ?
Décontenancé, il balbutiait sans pouvoir élaborer une phrase complète. Mais, le prédateur se reprit rapidement. C’était une erreur. Il va demander pardon à Sandra. Le diable s’est emparé de lui. Ils devaient prier ensemble en famille pour régler le problème. Il tenta de se lever pour récupérer sa Bible, mais, le regard de Sandrine le cloua sur la chaise. Il n’allait pas s’en sortir si facilement. Au même moment, Sandrine appela sa fille qui descendit les escaliers lentement, les yeux déments. Elle tournait la tête à droite et à gauche sans cesser de ricaner. Elle s’approcha de son beau-père et le regarda avec mépris.
Sandrine retourna à sa chaise et prit deux machettes sous la table. Le Pasteur surpris, leur rappela qu’elles ne devaient point tuer, sinon, elles iraient en enfer. Sandra lui rappela l’enfer qu’il lui avait fait vivre durant les derniers mois, feignant de jouer au beau-père parfait et l’abusant. Il se tut. Sandra se tourna vers sa mère, prit une machette et le frappa en pleine poitrine. La lame neuve trancha la cravate, la chemise blanche et la chair du monstre. Il tenta de hurler, mais, la jeune fille le frappa immédiatement au visage, lui disloquant la mâchoire. Le sang giclait de ses blessures. L’odeur fétide se répandait déjà dans la pièce.
Les deux femmes le tirèrent de sa chaise pour l’installer sur le sol. La jeune fille enragée lui enleva calmement son pantalon et d’un coup sec, lui trancha ce membre qu’il utilisait pour faire du tort autour de lui. Il n’en aurait plus besoin là où il irait. Toujours en vie, l’homme vécut l’horreur et comprit que c’était fini. Sandra lui mit le membre dans la main droite et lui sourit. Baignant dans son sang, il rendit l’âme. La queue dans la main…