Comment castrer et tuer un porc…

Tu ne tueras point. C’est ce qu’elle avait appris toute petite. En 30 ans, elle n’avait tué que les quelques cafards et araignées qui l’effrayaient ; sans oublier les moustiques, buveurs de sang. Seulement quelques petites bestioles. Rien de bien méchant. Sauf que personne ne lui avait dit à quel point le monde pouvait être cruel. On ne lui avait pas dit que même si elle se comportait bien, il y aurait toujours quelqu’un, quelque part qui pourrait la blesser mortellement, ou pas. Personne ne lui avait dit d’être toujours sur ses gardes parce qu’il suffisait d’une seconde pour que tout bascule et que son cerveau prenne des années pour enregistrer, analyser et comprendre – ou pas – ce qui s’était passé.

Magalie n’arrivait pas à s’endormir. Quand Jean était là, elle le réveillait pour qu’il lui tienne compagnie durant ses périodes d’insomnie. Mais, ça, c’était du passé. Il avait dû partir avec leur fillette. Son état de stress post-traumatique était devenu trop dangereux pour qu’elle s’occupe de sa petite Martine. Ils avaient tout essayé. Psychologues, séances de thérapie de couple, méditations, vacances en famille, séances d’exorcisme. Magalie fonctionnait à peine et ne supportait même pas que son mari la touche. Ils n’avaient pas divorcé, mais Jean avait dû déménager pour le bien-être de leur fille. Elle jeta un coup d’œil à la pendule accrochée en face de leur lit et vit qu’il était presque l’heure de son rendez-vous. Il était temps, elle se leva pour se préparer.

Assis à son bureau, Ralph travaillait sur quelques dossiers et naviguait sur Facebook avant l’arrivée de Magalie. Il avait été surpris de recevoir son appel la veille. Encore plus surpris de la demande de la jeune femme de le rencontrer seul, un dimanche à son bureau. Mais, il s’était vite ressaisi. Les femmes sont des capricieuses. Toutes des putes faciles à acheter. Peut-être qu’elle en voulait plus. Peut-être qu’elle s’est finalement rendue compte qu’elle avait apprécié leur petit tête-à-tête d’un an plus tôt. Dans le même bureau. Un dimanche. Il lui avait dit de passer pour discuter d’un dossier important. Elle venait à peine d’accoucher, deux semaines plus tôt, mais avait consenti à le rencontrer pour lui donner son avis.  Il s’arrêta un moment pour sourire en se rappelant la terreur qui avait empli ses traits lorsqu’elle avait compris ce qui allait se passer. Excité, il frotta doucement sa braguette gonflée.

Délicieusement enveloppée dans une robe rouge, Magalie fit son entrée. Très calmement, elle s’assit en face de lui. Elle se retenait pour ne pas lui lancer des injures ; ce n’était pas le moment. Il la dévorait des yeux. Leur silence dura quelques minutes durant laquelle elle se remémorait l’horreur qui avait brisé sa vie. Elle n’avait pas supporté les railleries de la société, ni voir sa vie privée imprimée en première page dans les journaux et étalée sur les réseaux sociaux. Apparemment, elle l’avait cherché. Ses habits étaient trop provocants et elle aurait fait n’importe quoi pour obtenir une promotion. Même, l’épouse de Ralph l’avait appelée pour lui dire de laisser son mari en paix.  Une année plus tard, il était toujours à son poste sans jamais être inquiété, malgré toutes les preuves qui l’accablaient.

Elle se leva de son siège et s’approchât lentement de lui. Son sourire d’hyène la dégoutait, mais, elle se pencha vers lui pour l’embrasser sur les lèvres. Elle faillit vomir mais s’arma de courage. Il se cala dans son siège et l’attira sur ses genoux. Elle se laissa faire et sentit l’arme du crime sous ses fesses. Se sentant vainqueur, il l’embrassait dans le cou. Elle frémissait d’horreur et les scènes du viol de l’an dernier lui revinrent en rafales. La rage l’envahit, elle saisit le coupe-papier en or massif posé sur le bureau et l’enfonça dans la nuque du Ministre. Le sang gicla partout. Elle se leva pour le regarder dans les yeux. Surpris, il ne pouvait pas bouger. Il se vidait de son sang et comprit enfin la raison de la rencontre. Elle avait pris les choses en main.

Il allait mourir dans ce bureau où il avait abusé tant de femmes, impunément. Arrachant le coupe-papier de la blessure, elle se pencha vers lui, ouvrit sa braguette et arracha violemment le membre coupable. Les yeux de Ralph se remplirent de larmes. Il ne pouvait même pas crier pour demander de l’aide. Une année plus tôt, il avait failli l’étrangler pour l’empêcher de se sauver de lui.  Très faible et à l’article de la mort, il ne pouvait que subir la violence de Magalie. Posant la verge sur la tête du Ministre, elle le prit en photo et publia la photo sur la page Facebook du criminel en écrivant : « Je ne suis plus un danger pour les femmes ».  Le laissant agoniser, rapidement, elle sortit par la porte de derrière et se rendit à l’aéroport d’où elle embarqua vers un pays lointain.  Avant le décollage, elle appela son mari : « Jean, je me suis débarrassée de mon problème. Rejoins-moi avec Martine à l’endroit où nous avons toujours rêvé de vivre. Tu sauras me retrouver. J’espère que Dieu me pardonnera, j’ai tué ».

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