Debout dans le noir, immobile, il tentait de s’imprégner de l’atmosphère de leur chambre pour une dernière fois. Il avait peur qu’elle ne se réveille parce qu’il n’aurait pas eu le courage de lui expliquer qu’il partait pour commencer une nouvelle vie. Avec une autre femme. Dans une autre ville. Elle avait subi et accepté toutes ses idioties, ses humiliations publiques, sans jamais essayer de le quitter. Á la longue, elle était devenue son roc ; la seule qui croyait encore en lui et qui l’encourageait dans tout ce qu’il entreprenait. Il lui en était reconnaissant, mais, ne l’aimait plus. Tout était si facile et si évident avec elle, qu’il s’était lassé de cette relation monotone. Il ne la voyait plus comme un défi à relever, mais comme une marionnette.
Sagine faisait semblant de dormir. Elle savait qu’il essayait de voir son visage dans le noir. Feignant de s’étirer, elle ramena le drap rouge sur son visage afin d’ouvrir ses yeux. Voyant clairement sa squelettique silhouette devant le lit, elle grimaça. Comment avait-elle pu passer tant d’années à ses côtés ? Elle ne l’avait jamais aimé et avait tellement eu pitié de lui qu’elle n’avait pas eu le courage de le repousser. Rapidement après leur rencontre, il avait emménagé chez elle et les années se sont succédées. Deux semaines plus tôt, elle avait surpris une conversation téléphonique. Il discutait avec une certaine Sophie et planifiait leur départ. Quelques jours après, elle avait découvert une malle neuve sous leur lit. Elle avait compris et n’avait même pas pensé faire une scène. Elle allait enfin être débarrassée de lui.
Sans faire le moindre bruit, Marc se baissa et tira la malle vers lui. Il prit le soin de la porter jusqu’à la porte d’entrée qu’il ferma sans jeter un regard en arrière. Il était trop lâche pour confronter la femme qui avait partagé sa vie durant les cinq dernières années. Il partait sans un mot parce qu’il n’aurait pas supporté de la voir pleurer. Sachant qu’il allait lui briser le cœur, il avait décidé de s’installer dans une autre ville avec sa nouvelle compagne. Il se sentait obligé de la protéger même si ses sentiments envers elle avaient changé. Assis dans son véhicule, il regarda sans regrets la maison qui avait été son toit et où il avait été heureux pendant un moment. Durant un bref instant, il crut voir les rideaux de la chambre bouger et se figea. Est-ce qu’elle serait en train de le regarder partir ? Pleurait-elle ? Non, une légère brise avait secoué les rideaux. Soulagé, il partit rapidement. Demain matin, elle se rendrait compte qu’il l’avait abandonnée.
Cachée derrière les rideaux, elle regarda la voiture s’éloigner et commença à esquisser des pas de danse. Enfin !!!! Enfin !!!! Le boulet qu’il représentait était parti de lui-même. Sans aucun accrochage. Elle n’eut pas à faire semblant d’être attristée par son départ. Plongeant doucement dans ses draps, elle prit son téléphone et avec un sourire heureux, elle appela Kenny. Elle avait commencé à le fréquenter l’an dernier, discrètement. Avec le départ de Marc, elle pourrait finalement afficher l’homme qu’elle aimait. Ils passèrent des heures à discuter et raccrochèrent en se promettant de se voir un peu plus tard dans la journée. Le sommeil l’avait totalement fui. Excitée de commencer une nouvelle aventure, elle s’installa confortablement sur le divan avec un bon livre.
Sophie avait été récupéré des boissons au bar et Marc l’attendait patiemment à leur table près de la fenêtre. Il se demandait ce que faisait Sagine, elle ne l’avait pas appelé. Même pas un texto. Rien. Silence radio. S’était-elle suicidée ? Elle l’aimait tellement. Bien qu’il s’était promis de ne pas l’appeler, il allongea le bras pour prendre son téléphone sur la table. Deux ombres passèrent, main dans la main. Il leva les yeux pour les regarder et il vit Sagine. Avec un homme. En attendant de traverser la rue, ce dernier embrassait la jeune femme à pleines lèvres. Complices, ils échangèrent un long sourire et continuèrent leur chemin. Paralysé, Marc se demanda s’il avait rêvé. Hâtivement, il composa le numéro et attendit. Il vit Sagine jeter un coup d’œil rapide à l’écran de son téléphone et refuser l’appel, sans hésiter. L’autre homme avait passé un bras autour de sa taille et elle avait posé sa tête sur son épaule. Les yeux exorbités, bouche bée, Marc accusa le coup. Sagine n’avait finalement pas besoin de lui.
Djeanane
Quel arrogance de la part de Marc, le lache.
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Merci de me lire Christina. Marc n’a rien compris de la vie…
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